XII
Le bateau
– Eh quoi ! déjà partir ?
– Partir ne plus entendre vos nobles paroles ! Non, par le ciel ! je reste ici, maître…
WOLFGANG, Scène II
Pendant la nuit, l’aspect de l’île habitée par la famille Martial était sinistre ; mais, à la brillante clarté du soleil, rien de plus riant que ce séjour maudit.
Bordée de saules et de peupliers, presque entièrement couverte d’une herbe épaisse, où serpentaient quelques allées de sable jaune, l’île renfermait un petit jardin potager et un assez grand nombre d’arbres à fruits. Au milieu de ce verger on voyait la baraque à toit de chaume dans laquelle Martial voulait se retirer avec François et Amandine. De ce côté, l’île se terminait à sa pointe par une sorte d’estacade formée de gros pieux destinés à contenir l’éboulement des terres.
Devant la maison, touchant presque au débarcadère, s’arrondissait une tonnelle de treillage vert, destinée à supporter pendant l’été les tiges grimpantes de la vigne vierge et du houblon, berceau de verdure sous lequel on disposait alors les tables des buveurs.
À l’une des extrémités de la maison, peinte en blanc et recouverte de tuiles, un bûcher surmonté d’un grenier formait en retour une petite aile beaucoup plus basse que le corps de logis principal. Presque au-dessus de cette aile on remarquait une fenêtre aux volets garnis de plaques de tôle, et extérieurement condamnés par deux barres de fer transversales, que de forts crampons fixaient au mur.
Trois bachots se balançaient, amarrés aux pilotis du débarcadère.
Accroupi au fond de l’un de ces bachots, Nicolas s’assurait du libre jeu de la soupape qu’il y avait adaptée.
Debout sur un banc situé en dehors de la tonnelle, Calebasse, la main placée au-dessus de ses yeux en manière d’abat-jour, regardait au loin dans la direction que Mme Séraphin et Fleur-de-Marie devaient suivre pour se rendre à l’île.
– Personne ne paraît encore, ni vieille ni jeune, dit Calebasse en descendant de son banc et s’adressant à Nicolas. Ce sera comme hier ! nous aurons attendu pour le roi de Prusse. Si ces femmes n’arrivent pas avant une demi-heure… il faudra partir ; le coup de Bras-Rouge vaut mieux, il nous attend. La courtière doit venir à cinq heures chez lui, aux Champs-Élysées. Il faut que nous soyons arrivés avant elle. Ce matin la Chouette nous l’a répété…
– Tu as raison, reprit Nicolas en quittant son bateau. Que le tonnerre écrase cette vieille qui nous fait droguer pour rien ! La soupape va… comme un charme. Des deux affaires nous n’en aurons peut-être pas une…
– Du reste, Bras-Rouge et Barbillon ont besoin de nous… à eux deux ils ne peuvent rien.
– C’est vrai ; car, pendant qu’on fera le coup, il faudra que Bras-Rouge reste en dehors de son cabaret pour être au guet, et Barbillon n’est pas assez fort pour entraîner à lui tout seul la courtière dans le caveau… elle regimbera, cette vieille.
– Est-ce que la Chouette ne nous disait pas en riant, qu’elle y tenait le Maître d’école… en pension… dans ce caveau ?
– Pas dans celui-là. Dans un autre qui est bien plus profond, et qui est inondé quand la rivière est haute.
– Doit-il marronner dans ce caveau, le Maître d’école ! Être là-dedans tout seul, et aveugle !
– Il y verrait clair qu’il n’y verrait pas autre chose : le caveau est noir comme un four.
– C’est égal, quand il a fini de chanter, pour se distraire, toutes les romances qu’il sait, le temps doit lui paraître joliment long.
– La Chouette dit qu’il s’amuse à faire la chasse aux rats, et que ce caveau-là est très-giboyeux.
– Dis donc, Nicolas, à propos de particuliers qui doivent s’ennuyer et marronner, reprit Calebasse avec un sourire féroce, en montrant du doigt la fenêtre garnie de plaques de tôle, il y en a là un qui doit se manger le sang.
– Bah !… il dort… Depuis ce matin il ne cogne plus… et son chien est muet.
– Peut-être qu’il l’a étranglé pour le manger. Depuis deux jours ils doivent tous deux enrager la faim et la soif là-dedans.
– Ça les regarde… Martial peut durer encore longtemps comme ça, si ça l’amuse. Quand il sera fini… on dira qu’il est mort de maladie ; ça ne fera pas un pli.
– Tu crois ?
– Bien sûr. En allant ce matin à Asnières, la mère a rencontré le père Férot, le pêcheur, comme il s’étonnait de ne pas avoir vu son ami Martial depuis deux jours, la mère lui a dit que Martial ne quittait pas son lit, tant il était malade, et qu’on désespérait de lui. Le père Férot a avalé ça doux comme miel… il le redira à d’autres… et quand la chose arrivera… elle paraîtra toute simple.
– Oui, mais il ne mourra pas encore tout de suite ; c’est long de cette manière-là.
– Qu’est-ce que tu veux ? il n’y avait pas moyen d’en venir à bout autrement. Cet enragé de Martial, quand il s’y met, est méchant en diable, et fort comme un taureau, par là-dessus ; il se défiait, nous n’aurions pas pu l’approcher sans danger ; tandis que sa porte une fois bien clouée en dehors, qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Sa fenêtre était grillée.
– Tiens… il pouvait desceller les barreaux… en creusant le plâtre avec son couteau, ce qu’il aurait fait si, montée à l’échelle, je ne lui avais pas déchiqueté les mains à coups de hachette toutes les fois qu’il voulait commencer son ouvrage.
– Quelle faction ! dit le brigand en ricanant ; c’est toi qui as dû t’amuser !
– Il fallait bien te donner le temps d’arriver avec la tôle que tu avais été chercher chez le père Micou.
– Devait-il écumer… cher frère !
– Il grinçait des dents comme un possédé ; deux ou trois fois il a voulu me repousser à travers les barreaux à grands coups de bâton ; mais alors, n’ayant plus qu’une main de libre, il ne pouvait pas travailler et desceller la grille. C’est ce qu’il fallait.
– Heureusement qu’il n’y a pas de cheminée dans sa chambre !
– Et que la porte est solide et qu’il a les mains abîmées ! sans ça, il serait capable de trouer le plancher.
– Et les poutres, il passerait donc à travers ? Non, non, va, il n’y a pas de danger qu’il s’échappe ; les volets sont garnis de tôle et assurés par deux barres de fer ; la porte… clouée en dehors avec des clous à bateau de trois pouces. Sa bière est plus solide que si elle était en chêne et en plomb.
– Dis donc, et quand, en sortant de prison, la Louve viendra ici pour chercher son homme… comme elle l’appelle ?
– Eh bien ! on lui dira : « Cherche. »
– À propos, sais-tu que si ma mère n’avait pas enfermé ces gueux d’enfants, ils auraient été capables de ronger la porte comme des rats pour délivrer Martial ? Ce petit gredin de François est un vrai démon depuis qu’il se doute que nous avons emballé le grand frère.
– Ah çà ! mais est-ce qu’on va les laisser dans la chambre d’en haut pendant que nous allons quitter l’île ? Leur fenêtre n’est pas grillée ; ils n’ont qu’à descendre en dehors…
À ce moment, des cris et des sanglots, partant de la maison, attirèrent l’attention de Calebasse et de Nicolas.
Ils virent la porte du rez-de-chaussée, jusqu’alors ouverte, se fermer violemment, une minute après, la figure pâle et sinistre de la mère Martial apparut à travers les barreaux de la fenêtre de la cuisine.
De son long bras décharné, la veuve du supplicié fit signe à ses enfants de venir à elle.
– Allons, il y a du grabuge ; je parie que c’est encore François qui se rebiffe, dit Nicolas. Gredin de Martial ! Sans lui, ce gamin-là aurait été tout seul. Veille toujours bien : et si tu vois les deux femelles, appelle-moi.
Pendant que Calebasse, remontée sur son banc, épiait au loin la venue de Mme Séraphin et de la Goualeuse, Nicolas entra dans la maison.
La petite Amandine, agenouillée au milieu de la cuisine, sanglotait et demandait grâce pour son frère François.
Irrité, menaçant, celui-ci, acculé dans un des angles de cette pièce, brandissait la hachette de Nicolas et semblait décidé à apporter cette fois une résistance désespérée aux volontés de sa mère.
Toujours impassible, toujours silencieuse, montrant à Nicolas l’entrée du caveau qui s’ouvrait dans la cuisine et dont la porte était entrebâillée, la veuve fit signe à son fils d’y enfermer François.
– On ne m’enfermera pas là-dedans ! s’écria l’enfant déterminé dont les yeux brillaient comme ceux d’un jeune chat sauvage. Vous voulez nous y laisser mourir de faim avec Amandine, comme notre frère Martial.
– Maman… pour l’amour de Dieu, laissez-nous en haut dans notre chambre, comme hier, demanda la petite fille d’un ton suppliant, en joignant les mains… dans le caveau noir, nous aurons trop peur.
La veuve regarda Nicolas d’un air impatient, comme pour lui reprocher de n’avoir pas encore exécuté ses ordres, puis, d’un nouveau geste impérieux, lui désigna François.
Voyant son frère s’avancer vers lui, le jeune garçon brandit sa hachette d’un air désespéré et s’écria :
– Si on veut m’enfermer là, que ce soit ma mère, mon frère ou Calebasse, tant pis… je frappe, et la hache coupe.
Ainsi que la veuve, Nicolas sentait l’imminente nécessité d’empêcher les deux enfants d’aller au secours de Martial pendant que la maison resterait seule, et aussi de leur dérober la connaissance des scènes qui allaient se passer, car de leur fenêtre on découvrait la rivière, où l’on voulait noyer Fleur-de-Marie.
Mais Nicolas, aussi féroce que lâche, et se souciant peu de recevoir un coup de la dangereuse hachette dont son jeune frère était armé, hésitait à s’approcher de lui.
La veuve, courroucée de l’hésitation de son fils aîné, le poussa rudement par l’épaule au-devant de François.
Mais Nicolas, reculant de nouveau, s’écria :
– Quand il m’aura blessé, qu’est-ce que je ferai, la mère ? Vous savez bien que je vais avoir besoin de mes bras tout à l’heure, et je me ressens encore du coup que ce gueux de Martial m’a donné.
La veuve haussa les épaules avec mépris et fit un pas vers François.
– N’approchez pas, ma mère, s’écria François furieux, ou vous allez me payer tous les coups que vous nous avez donnés à nous deux Amandine.
– Mon frère, laisse-toi plutôt renfermer. Oh ! mon Dieu, ne frappe pas notre mère ! s’écria Amandine épouvantée.
Tout à coup Nicolas vit sur une chaise une grande couverture de laine dont on s’était servi pour le repassage ; il la saisit, la déploya à moitié et la lança adroitement sur la tête de François, qui, malgré ses efforts, se trouvant engagé sous ses plis épais, ne put faire usage de son arme.
Alors Nicolas se précipita sur lui et, aidé de sa mère, il le porta dans le caveau.
Amandine était restée agenouillée au milieu de la cuisine ; dès qu’elle vit le sort de son frère, elle se leva vivement et, malgré sa terreur, alla d’elle-même le rejoindre dans le sombre réduit.
La porte fut fermée à double tour sur le frère et sur la sœur.
– C’est pourtant la faute de ce gueux de Martial si ces enfants sont maintenant comme des déchaînés après nous, s’écria Nicolas.
– On n’entend plus rien dans sa chambre depuis ce matin, dit la veuve d’un air pensif, et elle tressaillit ; plus rien…
– C’est ce qui prouve, la mère, que tu as bien fait de dire tantôt au père Férot, le pêcheur d’Asnières, que Martial était depuis deux jours dans son lit malade à crever. Comme ça, quand tout sera dit, on ne s’étonnera de rien.
Après un moment de silence, et comme si elle eût voulu échapper à une pensée pénible, la veuve reprit brusquement :
– La Chouette est venue ici pendant que j’étais à Asnières ?
– Oui, la mère.
– Pourquoi n’est-elle pas restée pour nous accompagner chez Bras-Rouge ? Je me défie d’elle.
– Bah ! vous vous défiez de tout le monde, la mère : aujourd’hui c’est de la Chouette, hier c’était de Bras-Rouge.
– Bras-Rouge est libre, mon fils est à Toulon, et ils avaient commis le même vol.
– Quand vous répéterez toujours cela… Bras-Rouge a échappé parce qu’il est fin comme l’ambre, voilà tout. La Chouette n’est pas restée ici parce qu’elle avait rendez-vous à deux heures, près de l’Observatoire, avec le grand monsieur en deuil au compte de qui elle a enlevé cette jeune fille de campagne avec l’aide du Maître d’école et de Tortillard, même que c’était Barbillon qui menait le fiacre que ce grand monsieur en deuil avait loué pour cette affaire. Voyons, la mère, comment voulez-vous que la Chouette nous dénonce, puisqu’elle nous dit les coups qu’elle monte, et que nous ne lui disons pas les nôtres ? Car elle ne sait rien de la noyade de tout à l’heure. Soyez tranquille, allez, la mère, les loups ne se mangent pas, la journée sera bonne ; quand je pense que la courtière a souvent pour des vingt, des trente mille francs de diamants dans son sac, et qu’avant deux heures nous la tiendrons dans le caveau de Bras-Rouge !… Trente mille francs de diamants !… Pensez donc !
– Et pendant que nous tiendrons la courtière, Bras-Rouge restera en dehors de son cabaret ? dit la veuve d’un air soupçonneux.
– Et où voulez-vous qu’il soit ? S’il vient quelqu’un chez lui, ne faut-il pas qu’il réponde et qu’il empêche d’approcher de l’endroit où nous ferons notre affaire ?
– Nicolas ! Nicolas ! cria tout à coup Calebasse au-dehors, voilà les deux femmes.
– Vite, vite, la mère, votre châle ; je vais vous conduire à terre, ça sera autant de fait, dit Nicolas.
La veuve avait remplacé sa marmotte de deuil par un bonnet de tulle noir. Elle s’enveloppa dans un grand châle de tartan à carreaux gris et blancs, ferma la porte de la cuisine, plaça la clef derrière un des volets du rez-de-chaussée et suivit son fils à l’embarcadère.
Presque malgré elle, avant de quitter l’île, elle jeta un long regard sur la fenêtre de Martial, fronça les sourcils, pinça ses lèvres ; puis, après un brusque et nouveau tressaillement, elle murmura tout bas : « C’est sa faute, c’est sa faute. »
– Nicolas, les vois-tu… là-bas, le long de la butte ? il y a une paysanne et une bourgeoise, s’écria Calebasse en montrant, de l’autre côté de la rivière, Mme Séraphin et Fleur-de-Marie qui descendaient un petit sentier contournant un escarpement assez élevé d’où l’on dominait un four à plâtre.
– Attendons le signal, n’allons pas faire de mauvaise besogne, dit Nicolas.
– Tu es donc aveugle ? Est-ce que tu ne reconnais pas la grosse femme qui est venue avant-hier ! Vois donc son châle orange. Et la petite paysanne, comme elle se dépêche ! Elle est encore bonne enfant, celle-là, on voit bien qu’elle ne sait pas ce qui l’attend.
– Oui, je reconnais la grosse femme. Allons, ça chauffe, ça chauffe. Ah çà ! convenons bien du coup, Calebasse, dit Nicolas. Je prendrai la vieille et la jeune dans le bachot à soupape, tu me suivras dans l’autre bout à bout, et attention à ramer juste, pour que d’un saut je puisse me lancer dans ton bateau dès que j’aurai fait jouer la trappe et que le mien enfoncera.
– N’aie pas peur, ce n’est pas la première fois que je rame, n’est-ce pas ?
– Je n’ai pas peur de me noyer, tu sais comme je nage. Mais, si je ne sautais pas à temps dans l’autre bachot, les femelles, en se débattant contre la noyade, pourraient s’accrocher à moi, et, merci, je n’ai pas envie de faire une pleine eau avec elles.
– La vieille fait signe avec son mouchoir, dit Calebasse ; les voilà sur la grève.
– Allons, allons, embarquez, la mère, dit Nicolas en démarrant, venez dans le bachot à soupape. Comme ça, les deux femmes ne se défieront de rien. Et toi, Calebasse, saute dans l’autre, et des bras, ma fille, rame dur. Ah ! tiens, prends mon croc, mets-le à côté de toi, il est pointu comme une lance, ça pourra servir, et en route ! dit le bandit en plaçant dans le bateau de Calebasse un long croc armé d’un fer aigu.
En peu d’instants les deux bachots, conduits l’un par Nicolas, l’autre par Calebasse, abordèrent sur la grève, où Mme Séraphin et Fleur-de-Marie attendaient depuis quelques minutes.
Pendant que Nicolas attachait son bateau à un pieu placé sur le rivage, Mme Séraphin s’approcha et lui dit tout bas et très-rapidement :
– Dites que Mme Georges nous attend ; puis la femme de charge reprit à haute voix :
– Nous sommes un peu en retard, mon garçon ?
– Oui, ma brave dame ; Mme Georges vous a déjà demandées plusieurs fois.
– Vous voyez, ma chère demoiselle, Mme Georges nous attend, dit Mme Séraphin en se retournant vers Fleur-de-Marie, qui, malgré sa confiance, avait senti son cœur se serrer à l’aspect des sinistres figures de la veuve, de Calebasse et de Nicolas. Mais le nom de Mme Georges la rassura, et elle répondit :
– Je suis aussi bien impatiente de voir Mme Georges, heureusement le trajet n’est pas long.
– Va-t-elle être contente, cette chère dame ! dit Mme Séraphin. Puis, s’adressant à Nicolas : – Voyons, mon garçon, approchez encore un peu plus votre bateau que nous puissions monter. Et elle ajouta tout bas : Il faut absolument noyer la petite ; si elle revient sur l’eau, replongez-la.
– C’est dit ; et vous, n’ayez pas peur, quand je vous ferai signe, donnez-moi la main. Elle enfoncera toute seule, tout est préparé, vous n’avez rien à craindre, répondit tout bas Nicolas. Puis, avec une impassibilité féroce, sans être touché ni de la beauté ni de la jeunesse de Fleur-de-Marie, il lui tendit son bras.
La jeune fille s’y appuya légèrement et entra dans le bateau.
– À vous, ma brave dame, dit Nicolas à Mme Séraphin.
Et il lui offrit la main à son tour.
Fut-ce pressentiment, défiance ou seulement crainte de ne pas sauter assez lestement de l’embarcation dans laquelle se trouvaient Nicolas et la Goualeuse lorsqu’elle coulerait à fond, la femme de charge de Jacques Ferrand dit à Nicolas en se reculant :
– Au fait, moi, j’irai dans le bateau de mademoiselle.
Et elle se plaça près de Calebasse.
– À la bonne heure, dit Nicolas en échangeant un coup d’œil expressif avec sa sœur.
Et, du bout de sa rame, il donna une vigoureuse impulsion à son bachot.
Sa sœur l’imita lorsque Mme Séraphin fut à côté d’elle.
Debout, immobile, sur le rivage, indifférente à cette scène, la veuve, pensive et absorbée, attachait obstinément son regard sur la fenêtre de Martial, que l’on distinguait de la grève à travers les peupliers.
Pendant ce temps, les deux bachots, dont le premier portait Fleur-de-Marie et Nicolas, l’autre Mme Séraphin et Calebasse, s’éloignèrent lentement du bord.
Fin de la sixième partie