Les Mystères de Paris

| 3.05 - L'hospitalié

 

 

 

V

L’hospitalité


– Et qu’est-ce qu’il veut, cet aveugle ? demanda le père Châtelain à Jean-René.
 
– Ce pauvre homme et son fils se sont égarés en voulant aller à Louvres par la traverse ; comme il fait un froid de loup et que la nuit est noire, car le ciel se couvre, l’aveugle et son enfant demandent à passer la nuit à la ferme, dans un coin de l’étable.
 
– Mme Georges est si bonne qu’elle ne refuse jamais l’hospitalité à un malheureux ; elle consentira, bien sûr, à ce qu’on donne à coucher à ces pauvres gens… mais il faut la prévenir. Vas-y, Claudine.
 
Claudine disparut.
 
– Et où attend-il ce brave homme ? demanda le père Châtelain.
 
– Dans la petite grange.
 
– Pourquoi l’as-tu mis dans la grange ?
 
– S’il était resté dans la cour, les chiens l’auraient mangé tout cru, lui et son petit. Oui, père Châtelain, j’avais beau dire : « Tout beau, Médor… ici, Turc… à bas, Sultan !… » J’ai jamais vu des déchaînés pareils. Et pourtant, à la ferme, on ne les dresse pas à mordre sur le pauvre, comme dans bien des endroits…
 
– Ma foi, mes enfants, la part du pauvre aura été ce soir réservée pour tout de bon… Serrez-vous un peu… Bien ! Mettons deux couverts de plus, l’un pour l’aveugle, l’autre pour son fils ; car sûrement Mme Georges leur laissera passer la nuit ici.
 
– C’est tout de même étonnant que les chiens soient furieux comme ça, dit Jean-René ; il y avait surtout Turc, que Claudine a emmené en allant ce soir au presbytère… il était comme un possédé… En le flattant pour l’apaiser, j’ai senti les poils de son dos tout hérissés… on aurait dit d’un porc-épic. Qu’est-ce que vous dites de cela, hein ! père Châtelain, vous qui savez tout ?
 
– Je dis, mon garçon, moi qui sais tout, que les bêtes en savent encore plus long que moi… Lors de l’ouragan de cet automne, qui avait changé la petite rivière en torrent, quand je m’en revenais à nuit noire, avec mes chevaux de labour, assis sur le vieux cheval rouan, que le diable m’emporte si j’aurais su où passer à gué, car on n’y voyait pas plus que dans un four !… Eh bien ! j’ai laissé la bride sur le cou du vieux rouan, et il a trouvé tout seul ce que nous n’aurions trouvé ni les uns ni les autres… Qui est-ce qui lui a appris cela ?
 
– Oui, père Châtelain, qui est-ce qui lui a appris cela, au vieux cheval rouan ?
 
– Celui qui apprend aux hirondelles à faire leur nid sur les toits, et aux bergeronnettes à faire leur nid au milieu des roseaux, mon garçon… Eh bien ! Claudine, dit le vieil oracle à la laitière qui rentrait portant sous ses deux bras deux paires de draps bien blancs qui jetaient une suave odeur de sauge et de verveine, eh bien ! Mme Georges a ordonné de faire souper et coucher ici ce pauvre aveugle et son fils, n’est-ce pas ?
 
– Voilà des draps pour faire leurs lits dans la petite chambre au bout du corridor, dit Claudine.
 
– Allons, va les chercher, Jean-René… Toi, ma fille, approche deux chaises du feu, ils se réchaufferont un moment avant de se mettre à table… car le froid est dur cette nuit.
 
On entendit de nouveau les aboiements furieux des chiens et la voix de Jean-René qui tâchait de les apaiser.
 
La porte de la cuisine s’ouvrit brusquement : le Maître d’école et Tortillard entrèrent avec précipitation, comme s’ils eussent été poursuivis.
 
– Prenez donc garde à vos chiens ! s’écria le Maître d’école avec frayeur ; ils ont manqué nous mordre.
 
– Ils m’ont arraché un morceau de ma blouse, dit Tortillard encore pâle d’effroi.
 
– Excusez, mon brave homme, dit Jean-René en fermant la porte ; mais je n’ai jamais vu nos chiens si méchants… C’est, bien sûr, le froid qui les agace… Ces bêtes n’ont pas de raison ; elles veulent peut-être mordre pour se réchauffer !
 
– Allons, à l’autre maintenant ! dit le laboureur en arrêtant le vieux Lysandre au moment où, grondant d’un air menaçant, il allait s’élancer sur les nouveaux venus. Il a entendu les autres chiens aboyer de furie, il veut faire comme eux. Veux-tu aller te coucher tout de suite, vieux sauvage !… Veux-tu…
 
À ces mots du père Châtelain, accompagnés d’un coup de pied significatif, Lysandre regagna, toujours grondant, sa place de prédilection au coin du foyer.
 
Le Maître d’école et Tortillard restaient à la porte de la cuisine, n’osant pas avancer.
 
Enveloppé d’un manteau bleu à collet de fourrure, son chapeau enfoncé sur le bonnet noir qui lui cachait presque entièrement le front, le brigand tenait la main de Tortillard, qui se pressait contre lui en regardant les paysans avec défiance ; l’honnêteté de ces physionomies déroutait et effrayait presque le fils de Bras-Rouge.
 
Les natures mauvaises ont aussi leurs répulsions et leurs sympathies.
 
Les traits du Maître d’école étaient si hideux que les habitants de la ferme restèrent un instant frappés, les uns de dégoût, les autres d’effroi. Cette impression n’échappa pas à Tortillard ; la frayeur des paysans le rassura, et il fut fier de l’épouvante qu’inspirait son compagnon. Ce premier mouvement passé, le père Châtelain, ne songeant qu’à remplir les devoirs de l’hospitalité, dit au Maître d’école :
 
– Mon brave homme, avancez près du feu, vous vous réchaufferez d’abord. Vous souperez ensuite avec nous, car vous arrivez au moment où nous allions nous mettre à table. Tenez, asseyez-vous là. Mais à quoi ai-je la tête ! ajouta le père Châtelain ; ce n’est pas à vous, mais à votre fils que je dois m’adresser, puisque, malheureusement, vous êtes aveugle. Voyons, mon enfant, conduis ton père auprès de la cheminée.
 
– Oui, mon bon monsieur, répondit Tortillard d’un ton nasillard, patelin et hypocrite ; que le bon Dieu vous rende votre bonne charité !… Suis-moi, pauvre papa, suis-moi… prends bien garde. Et l’enfant guida les pas du brigand.
 
Tous deux arrivèrent près de la cheminée.
 
D’abord Lysandre gronda sourdement ; mais, ayant flairé un instant le Maître d’école, il poussa tout à coup cette sorte d’aboiement lugubre qui fait dire communément que les chiens hurlent à la mort.
 
« Enfer ! se dit le Maître d’école. Est-ce donc le sang qu’ils flairent, ces maudits animaux ? J’avais ce pantalon-là pendant la nuit de l’assassinat du marchand de bœufs… »
 
– Tiens, c’est étonnant, dit tout bas Jean-René, le vieux Lysandre qui hurle à la mort en sentant le bonhomme !
 
Alors il arriva une chose étrange.
 
Les cris de Lysandre étaient si perçants, si plaintifs que les autres chiens l’entendirent (la cour de la ferme n’étant séparée de la cuisine que par une fenêtre vitrée), et, selon l’habitude de la race canine, ils répétèrent à l’envi ces gémissements lamentables.
 
Quoique peu superstitieux, les métayers s’entre-regardèrent presque avec effroi.
 
En effet, ce qui se passait était singulier.
 
Un homme qu’ils n’avaient pu envisager sans horreur entrait dans la ferme. Les animaux jusqu’alors paisibles devenaient furieux et jetaient ces clameurs sinistres qui, selon les croyances populaires, prédisent les approches de la mort.
 
Le brigand lui-même, malgré son endurcissement, malgré son audace infernale, tressaillit un moment en entendant ces hurlements funèbres, mortuaires… qui éclataient à son arrivée, à lui… assassin.
 
Tortillard, sceptique, effronté comme un enfant de Paris, corrompu pour ainsi dire à la mamelle, resta seul indifférent à l’effet moral de cette scène. Délivré de la crainte d’être mordu, cet avorton railleur se moqua de ce qui atterrait les habitants de la ferme et de ce qui faisait frissonner le Maître d’école.
 
La première stupeur passée, Jean-René sortit, et l’on entendit bientôt les claquements de son fouet, qui dissipèrent les lugubres pressentiments de Turc, de Sultan et de Médor. Peu à peu les visages contristés des laboureurs se rassérénèrent. Au bout de quelques moments l’épouvantable laideur du Maître d’école leur inspira plus de pitié que d’horreur ; ils plaignirent le petit boiteux de son infirmité, lui trouvèrent une mine futée très-intéressante et le louèrent beaucoup des soins empressés qu’il prodiguait à son père.
 
L’appétit des laboureurs, un moment oublié, se réveilla avec une nouvelle énergie, et l’on n’entendit pendant quelques instants que le bruit des fourchettes.
 
Tout en s’escrimant de leur mieux sur leurs mets rustiques, métayers et métayères remarquaient avec attendrissement les prévenances de l’enfant pour l’aveugle, auprès duquel on l’avait placé. Tortillard lui préparait ses morceaux, lui coupait son pain, lui versait à boire avec une attention toute filiale.
 
Ceci était le beau côté de la médaille, voici le revers :
 
Autant par cruauté que par l’esprit d’imitation naturel à son âge, Tortillard trouvait une jouissance cruelle à tourmenter le Maître d’école, à l’exemple de la Chouette, qu’il était fier de copier ainsi, et qu’il aimait avec une sorte de dévouement. Comment cet enfant pervers sentait-il le besoin d’être aimé ? Comment se trouvait-il heureux du semblant d’affection que lui témoignait la borgnesse ? Comment pouvait-il, enfin, s’émouvoir au lointain souvenir des caresses de sa mère ? C’était encore une de ces fréquentes et nombreuses anomalies qui, de temps à autre, protestent heureusement contre l’unité dans le vice.
 
Nous l’avons dit, éprouvant, ainsi que la Chouette, un charme extrême à avoir, lui chétif, pour bête de souffrance un tigre muselé… Tortillard, assis à la table des laboureurs, eut la méchanceté de vouloir raffiner son plaisir en forçant le Maître d’école à supporter ses mauvais traitements sans sourciller.
 
Il compensa donc chacune de ses attentions ostensibles pour son père supposé par un coup de pied souterrain particulièrement adressé à une plaie très-ancienne que le Maître d’école, comme beaucoup de forçats, avait à la jambe droite, à l’endroit où pesait l’anneau de sa chaîne pendant son séjour au bagne.
 
Il fallut à ce brigand un courage d’autant plus stoïque pour cacher sa souffrance à chaque atteinte de Tortillard que ce petit monstre, afin de mettre sa victime dans une position plus difficile encore, choisissait pour ses attaques tantôt le moment où le Maître d’école buvait, tantôt le moment où il parlait.
 
Néanmoins l’impassibilité de ce dernier ne se démentit pas ; il contint merveilleusement sa colère et sa douleur, pensant (et le fils de Bras-Rouge y comptait bien) qu’il serait très-dangereux pour le succès de ses desseins de laisser deviner ce qui se passait sous la table.
 
– Tiens, pauvre papa, voilà une noix tout épluchée, dit Tortillard en mettant dans l’assiette du Maître d’école un de ces fruits soigneusement détaché de sa coque.
 
– Bien, mon enfant, dit le père Châtelain ; puis, s’adressant au brigand : Vous êtes sans doute bien à plaindre, brave homme ; mais vous avez un si bon fils… que cela doit vous consoler un peu !
 
– Oui, oui, mon malheur est grand ; et sans la tendresse de mon cher enfant… je…
 
Le Maître d’école ne put retenir un cri aigu. Le fils de Bras-Rouge avait cette fois rencontré le vif de la plaie ; la douleur fut intolérable.
 
– Mon Dieu !… Qu’as-tu donc, pauvre papa ? s’écria Tortillard d’une voix larmoyante, et, se levant, il se jeta au cou du Maître d’école.
 
Dans son premier mouvement de colère et de rage, le brigand voulut étouffer le petit boiteux entre ses bras d’Hercule et le pressa si violemment contre sa poitrine que l’enfant, perdant sa respiration, laissa entendre un sourd gémissement.
 
Mais, réfléchissant aussitôt qu’il ne pouvait se passer de Tortillard, le Maître d’école se contraignit et le repoussa sur sa chaise.
 
Dans tout ceci les paysans ne virent qu’un échange de tendresses paternelles et filiales : la pâleur et la suffocation de Tortillard leur parurent causées par l’émotion de ce bon fils.
 
– Qu’avez-vous donc, mon brave ? demanda le père Châtelain. Votre cri de tout à l’heure a fait pâlir votre enfant… Pauvre petit… Tenez, il peut à peine respirer !
 
– Ce n’est rien, répondit le Maître d’école en reprenant son sang-froid. Je suis de mon état serrurier-mécanicien ; il y a quelque temps, en travaillant au marteau une barre de fer rougie, je l’ai laissée tomber sur mes jambes, et je me suis fait une brûlure si profonde qu’elle n’est pas encore cicatrisée… Tout à l’heure je me suis heurté au pied de la table, et je n’ai pu retenir un cri de douleur.
 
– Pauvre papa ! dit Tortillard, remis de son émotion et jetant un regard diabolique sur le Maître d’école, pauvre papa ! C’est pourtant vrai, mes bons messieurs, on n’a jamais pu le guérir de sa jambe… Hélas ! non, jamais ! Oh ! je voudrais bien avoir son mal, moi… pour qu’il ne l’ait plus, ce pauvre papa…
 
Les femmes regardèrent Tortillard avec attendrissement.
 
– Eh bien ! mon brave homme, reprit le père Châtelain, il est malheureux pour vous que vous ne soyez pas venu à la ferme il y a trois semaines, au lieu d’y venir ce soir.
 
– Pourquoi cela ?
 
– Parce que nous avons eu ici, pendant quelques jours, un docteur de Paris qui a un remède souverain pour les maux de jambe. Une bonne vieille femme du village ne pouvait pas marcher depuis trois ans ; le docteur lui a mis de son onguent sur ses blessures. À présent, elle court comme un Basque, et elle se promet, au premier jour, d’aller à pied remercier son sauveur, allée des Veuves, à Paris… Vous voyez que d’ici il y a un bon bout de chemin. Mais qu’est-ce que vous avez donc ? Encore cette maudite blessure ?
 
Ces mots, « allée des Veuves », rappelaient de si terribles souvenirs au Maître d’école, qu’il n’avait pu s’empêcher de tressaillir et de contracter ses traits hideux.
 
– Oui, répondit-il en se remettant, encore un élancement…
 
– Bon papa, sois tranquille, je te bassinerai bien soigneusement ta jambe ce soir, dit Tortillard.
 
– Pauvre petit ! dit Claudine, aime-t-il son père !
 
– C’est vraiment dommage, reprit le père Châtelain en s’adressant au Maître d’école, que ce digne médecin ne soit pas ici ; mais, j’y pense, il est aussi charitable que savant ; en retournant à Paris, faites-vous conduire chez lui par votre petit garçon, il vous guérira, j’en suis sûr ; son adresse n’est pas difficile à retenir : allée des Veuves, n° 17. Si vous oubliez le numéro… peu importe, ils ne sont pas beaucoup de médecins dans cet endroit-là, et surtout de médecins nègres… car figurez-vous qu’il est nègre, cet excellent docteur David.
 
Les traits du Maître d’école étaient tellement couturés de cicatrices que l’on ne put s’apercevoir de sa pâleur.
 
Il pâlit pourtant… pâlit affreusement en entendant d’abord citer le numéro de la maison de Rodolphe, et ensuite parler de David… le docteur noir…
 
De ce Noir qui, par ordre de Rodolphe, lui avait infligé un supplice épouvantable, dont à chaque instant il subissait des terribles conséquences.
 
La journée était funeste au Maître d’école.
 
Le matin, il avait enduré les tortures de la Chouette et du fils de Bras-Rouge ; il arrive à la ferme, les chiens hurlent à la mort à son aspect homicide et veulent le dévorer ; enfin le hasard le conduit dans une maison où quelques jours auparavant se trouvait son bourreau.
 
Séparément, ces circonstances auraient suffi pour exciter tour à tour la rage ou la crainte de ce brigand ; mais, se précipitant dans l’espace de quelques heures, elles lui portèrent un coup violent.
 
Pour la première fois de sa vie, il éprouva une sorte de terreur superstitieuse… il se demanda si le hasard amenait seul des incidents si étranges.
 
Le père Châtelain, ne s’étant pas aperçu de la pâleur du Maître d’école, reprit :
 
– Du reste, mon brave homme, lorsque vous partirez, on donnera l’adresse du docteur à votre fils, et ce sera obliger M. David que le mettre à même de rendre service à quelqu’un : il est si bon, si bon ! C’est dommage qu’il ait toujours l’air triste… Mais, tenez, buvons un coup à la santé de votre futur sauveur.
 
– Merci, je n’ai plus soif, dit le Maître d’école d’un air sombre.
 
– Bois donc, cher bon papa, bois donc, ça te fera du bien… à ton pauvre estomac, ajouta Tortillard en mettant le verre dans les mains de l’aveugle.
 
– Non, non, je ne veux plus boire, dit celui-ci.
 
– Ce n’est plus du cidre que je vous ai versé, mais du vieux vin, dit le laboureur. Il y a bien des bourgeois qui n’en boivent pas de pareil. Dame ! ce n’est pas une ferme comme une autre que celle-ci. Qu’est-ce que vous dites de notre ordinaire ?
 
– Il est très-bon, répondit machinalement le Maître d’école de plus en plus absorbé dans de sinistres pensées.
 
– Eh bien ! c’est tous les jours comme ça : bon travail et bon repas, bonne conscience et bon lit ; en quatre mots, voilà notre vie : nous sommes sept cultivateurs ici, et, sans nous vanter, nous faisons autant de besogne que quatorze, mais on nous paye comme quatorze. Aux simples laboureurs, cent cinquante écus par an ; aux laitières et aux filles de ferme, soixante écus ! Et à partager entre nous un cinquième des produits de la ferme. Dame ! vous comprenez que nous ne laissons pas la terre un brin se reposer, car la pauvre vieille nourricière, tant plus elle produit, tant plus nous avons.
 
– Votre maître ne doit guère s’enrichir en vous avantageant de la sorte, dit le Maître d’école.
 
– Notre maître !… Oh ! ça n’est pas un maître comme les autres. Il a une manière de s’enrichir qui n’est qu’à lui.
 
– Que voulez-vous dire ? demanda l’aveugle, qui désirait engager la conversation pour échapper aux noires idées qui le poursuivaient ; votre maître est donc bien extraordinaire ?
 
– Extraordinaire en tout, mon brave homme ; mais, tenez, le hasard vous a amené ici, puisque ce village est éloigné de tout grand chemin. Vous n’y reviendrez sans doute jamais ; vous ne le quitterez pas du moins sans savoir ce qu’est notre maître et ce qu’il fait de cette ferme ; en deux mots, je vas vous dire ça, à condition que vous le répéterez à tout le monde. Vous verrez, c’est aussi bon à dire qu’à entendre.
 
– Je vous écoute, reprit le Maître d’école.